Si le but du travail psychothérapeutique avec l’enfant est le même que celui avec l’adulte, le déroulement en est très différent. À la différence de l’adulte, l’enfant n’est généralement pas à l’initiative de la démarche de consultation. Celle-ci provient d’un tiers, le plus souvent les parents, alertés par les difficultés de l’enfant ou par un changement de comportement.
L’adulte qui décide de consulter un psychologue a une idée de son problème : l’enfant lui, ne sent bien souvent qu’un malaise sans pouvoir le formuler avec des mots, mais il met son symptôme, ses difficultés en scène dans ses jeux.
De nombreuses raisons peuvent vous conduire à envisager d'aller consulter un psychologue avec votre enfant. Pour autant, franchir le cap peut parfois être stressant. Et il est légitime d'avoir quelques appréhensions. Voici comment se déroule les consultations.
Le premier contact
La toute première impression, et le premier contact se déroulent par téléphone lorsque vous appelez pour prendre rendez-vous. C’est un moment important dans la prise de décision d’aller consulter un psychologue, mais il n’engage pas pour autant sur la durée ni sur la fréquence. Il donne une indication très succincte du motif de la consultation, que nous approfondirons ensemble lors de la toute première consultation.
Le(s) premier(s) entretien(s) :
Lors de la première consultation, nous allons faire connaissance. Dans un premier temps, votre enfant et vous découvrez le lieu, l'espace thérapeutique. Puis, au travers de nos premiers échanges, vous allez me rencontrer et vous faire une première impression. Cela vous permettra de savoir si vous vous sentez en confiance avec moi et si vous souhaitez engager un travail par la suite.
Car un psychologue se choisit !
La ou les première(s) consultation(s) se déroule(nt) habituellement en présence de l’enfant et de ses parents (a minima de l’un des deux. De plus, si un seul parent est présent, il est indispensable que je puisse avoir le consentement des deux parents pour débuter un travail ensemble).
Nous allons constituer un « dossier administratif » (nom, prénom, date de naissance...). Nous prendrons ensuite le temps faire un « état des lieux » (anamnèse) du parcours de l’enfant depuis sa conception jusqu’à ce jour (somatique, alimentation, sommeil, capacités adaptatives, interactions sociales, l’école, les centres d’intérêts...). Cela peut être un peu long (une ou deux séances) mais indispensable afin que je puisse avoir une vision globale mais précise du contexte de vie de votre enfant. Puis nous échangerons plus spécifiquement des raisons de la consultation, et des motifs de votre venue. Ensemble, nous allons créer l’ouverture d’un dialogue, d’un échange sur la problématique. Le dialogue se fait entre le psychologue et le parent, le psychologue et l’enfant, mais également entre l’enfant et son/ses parents. Cela donne une chance à chacun de s’exprimer, et de donner ou non son point de vue, et surtout, cela montre à l’enfant que tout le monde a envie de l’aider à aller mieux.
Avec votre aide, nous allons tenter de comprendre la difficulté actuelle de votre enfant et d’en retracer l’histoire. L’objectif est d’exposer la situation, les difficultés de l’enfant et pour moi, d’avoir des éléments concernant l’histoire familiale.
Parfois, lors de la première rencontre (environ 1h00), la temporalité n'est pas suffisante pour échanger sur tous les domaines concernant votre enfant, il est alors nécessaire de nous retrouver ensemble parent(s) et enfant une seconde fois, afin de finaliser notre "état des lieux" et me permettre d'avoir le plus d'informations possible afin de vous accompagner au mieux.
À l’issue de ce temps parents/enfant, si parents et psychologue conviennent d’engager un suivi avec l’enfant, les consultations suivantes se déroulent en présence de l’enfant seul.
Un entretien en présence du ou des parents peut être proposé de manière régulière afin de faire un point sur l’évolution de la situation, ainsi que de la thérapie.
Si le psychologue garantit la confidentialité des entretiens avec l’enfant, l’implication des parents est fondamentale pour partager avec l’enfant sur ses évolutions, les changements, les stagnations.
Après cette (ces) première(s) rencontre(s), il est rarement possible d’estimer exactement combien de séances seront nécessaires. Pour certains, quelques consultations permettront d’aider l’enfant et sa famille dans la compréhension de ses difficultés actuelles, pour d’autres en revanche, il sera nécessaire de proposer une prise en charge plus longue.
À la suite de ce premier rendez-vous, nous pouvons prendre un nouveau rendez-vous, où vous laissez le temps de la réflexion. Une psychothérapie peut être arrêtée dès l'instant où vous et/ou votre enfant le souhaitez. Il suffit simplement d'en discuter lors de la dernière consultation.
Et les séances suivantes ?
Lors des séances suivantes, votre enfant sera accueilli seul afin que nous puissions échanger ensemble et débuter notre travail. Pour se faire, nous utiliserons différentes médiations (jouets, livres, paroles...), ainsi que différentes installations (canapé, tente, chaise, au sol...) en fonction des préférences de votre enfant. Tout cela pouvant évoluer en fonction des besoins de votre enfant. Absolument rien n’est figé !
Afin de maintenir le lien entre nous, et afin de pouvoir construire ensemble, il pourrait être intéressant que votre enfant puisse disposer d’un cahier, afin de noter d’une séance à une autre, soit par le biais de dessins ou d’écritures ce qu’il a aimé/détesté, ce qui l’a rendu heureux/triste, tel un journal de bord.
Idéalement (et en fonction des possibilités des parents), afin d’instaurer une prévisibilité et une routine pour votre enfant, je propose le même créneau d’une semaine à une autre, cela permet de structurer notre organisation, et de préparer sereinement l’enfant dans son quotidien, à nos rencontres.
Lors de nos séances, j'utilise un Time Timer (objet qui permet de matérialiser le temps qui passe, sans qu’il soit nécessaire de savoir lire l’heure. Il ressemble à une horloge graduée avec une partie mobile et colorée qui diminuera jusqu’à disparaître au fur et à mesure que le temps s’écoule), posé sur la table basse, afin de structurer et cadrer temporellement les séances, permettant à chacun visuellement de voir le temps qui passe, mais également de pouvoir anticiper sereinement la fin de la séance.
Du coté des parents
Si vous le souhaitez, vous pourrez également me faire parvenir par le biais d’un écrit (papier, mail), une note sur le comportement de votre enfant entre les deux séances, ainsi que les actes du quotidien marquants, afin que nous puissions en discuter votre enfant et moi lors de nos séances.
Idéalement, au bout de quelques séances dont le nombre sera à évaluer ensemble, il serait intéressant que nous puissions à nouveau faire un petit point de parcours ensemble, à la suite d’une séance individuelle de votre enfant pour quelques minutes.
En effet, être parents, c’est parfois ressentir des émotions fortes, c’est parfois avoir la théorie mais ne pas savoir comment faire concrètement, c’est parfois être complètement dépassé, c’est parfois vivre des joies ou culpabiliser face à un comportement que l’on aurait eu.
Être parent ce n’est pas être parfait, mais c’est tenté, souvent, de faire de son mieux. Pouvoir prodiguer à la fois un cadre éducatif constant, rassurant et contenant tout en offrant une sécurité affective indéfectible. Être parent, c’est aussi parfois avoir besoin de conseils.
Car en effet, « éduquer est stressant et les parents subissent toutes sortes de pressions, qu’elles soient sociétales qu’elles viennent des affirmations de la « psychologie de l’enfant » ou qu’elles soient dictées par les enfants eux-mêmes. Ainsi souvent les parents s’obligent à répondre à des « il faut », « on devrait » véritables braises émotionnelles qui nous empêchent de vivre sereinement l’éducation. Et, dès que l’émotion négative l’emporte, nous perdons notre bon sens : là où il faudrait une réponse claire dans une solution précise, elle brouille la mise en place des repères éducatifs. Le stress parental va amplifier les difficultés éducatives » (Didier Pleux, les 10 commandements du bon sens éducatif, Odile Jacob)